Trois ateliers de Slam à l'école Népisiguit de Bathurst.
Deux artistes slameurs à découvrir, un FISPA en cours et un texte à écrire pour nourrir la réflexion, se pencher sur la question du Slam comme vecteur de transmission de la passion de la langue.
Ce matin à l’école, des couloirs, un escalier, des portes, des portes, des portes, #261 : Atelier de Slam poésie, de langue parlée, colorée. Voici comme se déroule l’atelier :
Devant la classe, Émilie Sciot alias Rouge Feu, venue de Bretagne pour participer au FISPA, transmet avec énergie sa passion des mots et du Slam. Elle s’adresse aux élèves avec intérêt et écoute, « C’est quoi le SLAM? »
« Slam veut dire claquer la porte : On déclame devant les gens et on essaie que ça frappe. » C’est un défi qui demande de « sortir du silence pour agrandir le territoire du corps et, comme au sport, il faut applaudir le slameur pour l’encourager. » Yehhh!
Nous avons 50 minutes pour écrire un petit Slam et le déclamer, et c’est parti :
D’abord, choisir un thème : l’été, la guerre, quoi d’autre? L’école bien sûr. « On peut parler de : je n’ai pas envie, je n’aime pas l’école, parler à quelqu'un qui va partir, un enfant à naître. » Tout est toléré sauf l’homophobie, le racisme, les paroles blessantes. « Écrivez comme ça vous vient », ça n’est pas littéraire, tout est possible. Dépaysés, les mots tombent comme les feuilles d’automne.
Au deuxième atelier, c’est au tour de Sebseb, originaire de Toulouse, de défendre les deux règles du SLAM : Le non Jugement, de soi et des autres et le droit à l’erreur. Il ne faut pas réfléchir, tout est correct, « donnez-moi un mot, n’importe quel mot » : Habitude, Jeux vidéo, Pomme, Rouge, Cheval, Carotte, Vert, Soleil, Chips, Crayon, Fleur, Bouteille, Interphone, Escalier, Plage, École, Voiture, Couverture, Chocolat, Amour. « C’est super, impeccable! » Sebseb nous encourage, revenant sans cesse aux deux règles de base : non jugement et droit à l’erreur.
« Maintenant, choisissez deux mots et faites deux phrases qui rimes. C’est quoi une rime? Père et grand-mère, Maïka le chat, Peur et heure ». Les élèves sont en route vers le SLAM, les chaises claquent, ça ricane dans la salle de classe et, à leur manière détournée, sans même s’en rendre compte, ils jouent en partageant le malaise entre eux. Sebseb est patient, … on a droit à l’erreur et pas de jugement.
Le moment tant redouté arrive, c’est la voix chevrotante, le rouge aux joues et le stress au ventre, que tour à tour ils et elles relèvent la tête et le défi. Lorsqu’ils prennent la parole, le jugement fait place au respect et de petites perles perlent comme ce minuscule bout de texte prononcé de manière à peine audible « Je voudrais mettre le rayon de soleil dans la bouteille. »
Entre passion et apprentissage, au troisième atelier Sebseb et Rouge Feu se rejoignent, nous guident et nous soulèvent, nous portant hors de notre zone de confort. J’ose enfin prendre le risque nécessaire à l’apprentissage et au dépassement et, je prends la parole :
Sur le pas de la porte
Je trébuche
Sur le jugement
Je trébuche
Avoir l’air, prendre l’air, prendre son air d’aller
Et oser
Trébucher
Après ces trois ateliers de SLAM, je dirais que la passion se développe et s’apprivoise à coup d’erreurs et de risques pris à en faire.
Je nous souhaite collectivement un retour sporadique sur les bancs d’école, entouré de jeunes adultes en devenir. Nous y assoir pour se rafraîchir la mémoire et nous remettre au diapason des temps qui changent. C’est exigeant l’école, devoir participer avec le stress au ventre, apprendre le respect, l’écoute et oser, oser sans jugement envers soi et les autres. L’erreur n’a pas peur du ridicule et il importe de se rappeler que le règne du silence est celui de l’ignorance.
Merci aux élèves et aux enseignants de l‘école Népisiguit
Merci à Rouge Feu et Sebseb
Merci aux FISPA de mettre sur notre route la passion de ces jongleurs de rimes.
Michèle
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